Croisière inoubliable à Milford Sound
Kilomètres parcourus: 401
Nous quittons Te Anau et partons à la découverte de Milford Sound à bord du Milford Mariner, un bateau de croisière d’une soixantaine de personnes, pour les 2 prochains jours. La route pour Milford est une aventure en soit.
Nous passons d’abord par un petit lac qui est un point de départ en bateau pour certaines randonnées, notamment la Kepler Track:
Sur la route, nous nous arrêtons également aux Mirror Lakes, des lacs qui longent la route et offrent un reflet presque parfait des montagnes.
A l’approche de Milford Sound, des cascades font leur apparition, les routes deviennent escarpées, les falaises se dénudent de leurs arbres, laissant place à des parois rocheuses où glissent des torrents d’eau.
Nous atteignons le “Homer Tunnel”, un tunnel long d’un kilomètre traversant la montagne et dont la construction, initialement à coups de pioches puis de dynamite, a pris 19 ans, s’achevant en 1954, retardée notamment par des avalanches et la seconde guerre mondiale. Il n’existait auparavant aucune route ne menant à cet endroit.
Le temps que le feu du tunnel passe au vert, nous patientons quelques minutes aux côtés d’un astucieux kéa, un perroquet montagnard au dos vert-bleu et au ventre rouge, endémique de l’Ile du Sud. Autrefois chassés par les hommes car ils attaquaient la chair des moutons, leur nombre a fortement décliné et ils sont aujourd’hui protégés. Ils continuent néanmoins de titiller les néo-zélandais en volant par exemple de la nourriture, squattant les toits des véhicules pour traverser le tunnel (car il faudrait voler par dessus la montagne autrement…) ou en perturbant même la circulation lors des travaux, comme le montre cette vidéo ayant fait la une néo-zélandaise en 2016:
Le kéa devant nous est assez astucieux pour demander de la nourriture à la voiture précédente (mais il est en principe interdit de les nourrir).
Le tunnel laisse place à une longue route sinueuse descendant la vallée de Cleddau et aboutissant finalement au village de Milford qui abrite 150 personnes. Nous avons mis 3h au lieu des 1h45 prévues car comme d’habitude en Nouvelle Zélande nous marquons de multiples arrêts sur l’itinéraire.
La difficulté principale à Milford reste encore de se garer. Les seuls parkings disponibles affichent un tarif de 10$ par heure, soit 100$ jusqu’au lendemain matin. Alors que nous réglons l’addition salée, nous sommes attaqués par des nuées de moustiques.
Nous apprendrons au final que le parking est offert pour les croisières de nuit et que nous serons remboursés. Nous mangeons dans le seul café du village puis embarquons sur notre bateau à 16h.
Le bateau est très confortable et l’équipe très sympathique. Le hublot de notre fenêtre est situé au niveau de la mer.
La pluie étant forte et les 10 minutes de marches entre le parking et le bateau n’ayant pas aidé, nous devons improviser un atelier “séchage de chaussettes”.
La baie de Milford a été découverte par un explorateur gallois qui lui a donné le nom de son village. Il s’agit donc d’un fjord, anciennement un glacier qui s’est retiré et a ensuite été envahi par l’eau marine, ici par la Mer de Tasman. Deux cascades sont visibles en permanence, car alimentées par des restes de glaciers, le reste des cascades apparaissent lorsqu’il pleut, c’est à dire environ 200 jours par an. Comme disait le guide à bord du bateau, à Milford, soit il pleut, il vient de pleuvoir ou il va pleuvoir. Il n’y a presque aucune végétation sur les parois rocheuses, et donc l’eau de pluie n’est pas retenue lorsqu’elle dévale ces sommets.
Nous quittons le port et découvrons la rade, sous des nuages menaçants qui laissent présager une belle tempète ce soir. L’océan est relativement agité, le vent se lève et nous découvrons les premières cascades à l’horizon.
Comme il est coutume de le faire, le Mariner s’avance en direction des cascades et nous permet de saisir cet instant magique.
Le images des cascades que nous en tirons ont du mal à refléter la hauteur vertigineuse des montagnes de la baie de Milford.
Le bateau se rapproche encore un peu des cascades. Nous avons même la chance d’aller juste en dessous de certaines d’entre elles.
Sur le chemin vers la petite baie où nous passerons la nuit (à l’abri du vent), nous avons la chance d’aperçevoir des phoques, en pleine souffrance sur des rochers.
De quoi réjouir Eva…
Nous effectuons ensuite une sortie en zodiac afin de nous rapprocher de la baie. C’est alors des pinguins que nous avons la chance d’observer, plutôt rares à cette période de l’année car la majorité d’entre eux sont en Antarctique.
Une fois de retour à bord, nous dînons avec les autres passagers. Le chef cuisiner vient présenter ses desserts (mais pour ne rien vous cacher, nous avons acheté des parts de Caramel Slice au chocolat avant de venir, sûrement par peur de manquer de chocolat). La soirée se termine avec une présentation très intéressante de la faune de Milford Sound.
Cette nuit, la pluie s’accentue, le vent souffle de plus en plus fort. En nous réveillant le lendemain, des centaines de cascades dégringolent les parois rocheuses, pour terminer dans une mer déchaînée.
Les cascades sont incroyablement puissantes aujourd’hui. Leur nombre semble avoir été multiplié par 10 dans la nuit. Les nuages sont plus hauts, et laissent entrevoir davantage la hauteur des cascades.
Nous nous approchons de certaines cascades, le bruit est assourdissant, le vent nous pousse presque en arrière.
Bien évidemment, nous terminons trempés dès le réveil pour obtenir ces quelques vidéos.
Le bateau se met alors en direction du bout de la rade, vers l’entrée de la Mer de Tasman. Cette mer, en plein quarantième rugissants, est incroyablement agitée. Le Mariner a d’ailleurs dû faire demi tour à la pointe de St. Annes, le dernier morceau de terre avant d’entrer dans la Mer de Tasman, tant les vagues menaçaient de passer par dessus bord..
Après 2 heures de navigation, nous accostons vers 9h, un peu remués, et prenons la route direction Riverton, où nous faisons étape avant de rejoindre la côte est. Sur la route, le temps est toujours aussi plaisant.
Nous apprendrons quelques jours plus tard qu’une énorme tempète s’est abbatue 24h après notre départ. La route pour Milford Sound est totalement coupée, 400 personnes sont bloquées dans le terminal de départ des bateaux.
Le village de Riverton a des airs de village de pêcheur britannique.
Nous logeons au Luna Sea Lodge, à quelques minutes de là, dans la Colac Bay. Nous nous reposons avec pour seule animation les moutons et la mer à devant notre fenêtre.
En nous promennant vers le bord de mer, nous saisissons la force du vent dans la région en voyant la façon dont certains arbres poussent.
Demain, nous continuons notre route vers l’est.